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- Ruralité
Véritable boîte à outils à destination des maires, la « charte de la ruralité », impulsée par le Département, vient d’être adoptée à l’unanimité par les conseillers départementaux. Elle vise à favoriser le dialogue entre les institutions et les habitants, et à promouvoir les valeurs de la ruralité.
Des paysages bucoliques maillés de villages typiques et de bourgades où il ferait bon vivre. Des valeurs de partage et d’entraide entre voisins. Un air frais et une atmosphère paisible, loin des îlots de chaleur et des grands ensembles bétonnés.
Ce rêve, des milliers de citadins l’ont caressé pendant la pandémie de Covid. Si ce n’est pas l’exode urbain annoncé, le mouvement de fond des villes vers les zones moins denses entamé déjà depuis plusieurs années n’a fait que s’accélérer après le choc des confinements.
Dans des secteurs comme le plateau du Vercors, il est devenu presque impossible de trouver un toit à des prix abordables.
Avec la flambée du coût de l’essence et de l’énergie de l’hiver dernier, certains de ces transhumants ont aussi déchanté. Accès aux transports en commun, aux services publics, aux commerces, à la santé, au logement, à l’Internet haut débit ou aux loisirs : autant de facilités citadines qui en milieu rural deviennent plus difficiles à mettre en œuvre au quotidien.
Qu’il s’agisse d’aller acheter son pain – une commune rurale sur six en Isère ne dispose d’aucun commerce de proximité –, d’emmener les enfants à l’école ou de trouver une pharmacie, la voiture est bien souvent le seul moyen de locomotion disponible.
En moyenne, un ménage vivant à la campagne parcourt près de 30 kilomètres par jour. Sans parler des dépenses d’énergie domestique, supérieures d’environ 20 % en milieu rural, où les chaudières au fioul sont encore très présentes.
Ne pas opposer ruraux et urbains
Entre ces nouveaux habitants, qui rêvent de ville à la campagne, et les « natifs » bousculés dans leurs habitudes, les liens de voisinage ne sont pas toujours au beau fixe.
Une loi sacralisant le « patrimoine sensoriel des campagnes » a dû être adoptée en 2020 pour stopper l’inflation de procédures entamées contre des agriculteurs pour des coqs qui jouent les Castafiore aux aurores ou des odeurs de fumier un peu trop envahissantes !
Mais au-delà d’une loi, ce sont des idées neuves et des solutions concrètes qu’ont besoin les élus et les acteurs ruraux pour recréer des solidarités humaines et poser des bases pour l’avenir. La rédaction d’une charte de la ruralité, impulsée par le Département, répond à cette volonté.
“Il ne faut surtout pas opposer urbain et rural, nous avons besoin les uns des autres. Sans agriculture, la ruralité n’existerait pas, rappelle Cyrille Madinier, vice-président du Département délégué à la ruralité et maire de Flachères.
La contribution des campagnes aux enjeux de transition alimentaire, écologique, énergétique et sociétale est essentielle : leur attractivité est une opportunité de développement qui s’inscrit dans cette logique de transition.”
En dressant l’inventaire des grands enjeux et des actions déjà mises en œuvre ou expérimentées, la charte se veut avant tout un outil de dialogue partagé au service des territoires ruraux. À chacun d’entre eux de s’en inspirer et de se réinventer.
Interview
Cyrille Madinier, vice-président du Département délégué à la ruralité, président de l’Association des maires ruraux de l’Isère
« Une boîte à outil pour les maires ruraux »
Isère Mag : La charte de la ruralité a été adoptée à l’unanimité par les 58 élus départementaux le 30 juin dernier. Pourquoi ce document ?
Cyrille Madinier : Si nous avons obtenu ce consensus, c’est que nous avons réuni autour d’une table tous les acteurs du monde rural sans exception pour évoquer et partager les enjeux de la ruralité.
Ensemble, nous avons balayé chacune des thématiques propres au monde rural en valorisant les actions qui y sont menées et les grands enjeux en matière de logement, de mobilité, de création de tiers lieux, d’éducation, d’agriculture et de pastoralisme, de vie associative, d’accès à la santé… Cela a abouti à la rédaction de cette charte conçue pour les maires ruraux.
Au plan national, aucune autre charte n’est aussi transversale. Il appartient à chaque maire de se l’approprier et de l’adapter à son territoire, avec ses traditions et son identité propre. L’idée, c’est d’amener de la solidarité et de l’entraide.
I. M. : Comment allez-vous la faire vivre ?
C.M. : Le Département, premier partenaire financier des intercommunalités et des communes rurales, est un interlocuteur de confiance et de proximité des maires ruraux, qui les accompagne dans tous leurs projets. Cette charte est également un outil de dialogue partagé entre les différents niveaux institutionnels.
Les 29 et 30 septembre, pour la première fois depuis une quinzaine d’années, nous accueillerons le congrès national des maires ruraux à l’Alpe-d’Huez : ce sera une première occasion de la promouvoir. Sachant que les exécutifs ruraux ont été très largement renouvelés en 2020, cette charte peut vraiment servir de support pour l’accueil de leurs habitants.
©F.Pattou
La ruralité en Isère en quelques chiffres. Cliquez pour agrandir.
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Repères
“Dans l’idéal, si vous aviez le choix, où préféreriez-vous vivre ?” Interrogés dans le cadre d’une enquête menée pour l’Association des maires de France en 2019*, 45 % des Français avaient répondu “à la campagne”, 41 % dans une ville moyenne, et seulement 13 % dans une métropole.
Quatre ans plus tard, après le choc de l’épidémie de Covid et les canicules à répétition, ce retour en grâce des villages se confirme plus que jamais : 80 % des 31 000 communes rurales de France gagneraient des habitants.
En Isère, où un tiers des habitants vivent dans des communes rurales, cette dynamique est une vraie opportunité. Dès 2015, la nouvelle majorité du Département avait d’ailleurs perçu les enjeux sociétaux, démographiques et environnementaux liés à ces territoires en créant pour la première fois une vice-présidence déléguée à la ruralité.
Véritable boîte à outils à destination des maires, la « charte de la ruralité », élaborée par le Département de l’Isère et de nombreux partenaires vient d’être adoptée à l’unanimité par les 58 conseillers départementaux. Elle vise à favoriser le dialogue entre les institutions et les habitants, et à promouvoir les valeurs de la ruralité, notamment celles de la solidarité et de la cohésion.
* Enquête menée par le Centre de recherches politiques de Sciences Po.
Retrouvez l’intégralité de “La charte de la ruralité” sur isere.fr
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Pour valoriser ses associations les plus dynamiques dans tous les domaines, la ville de La Tour-du-Pin a lancé la cérémonie des Mirons d’or en juin dernier en invitant la population à voter.
Sans associations, pas de vie dans les villages
Une école de musique associative qui crée un atelier d’apprentissage du ukulélé, un club de triathlon, évoluant au plus haut niveau français, une association de parents d’élèves qui organise une vente de pizzas pour offrir un fauteuil roulant à un petit garçon handicapé ou une vingtaine d’artisans et producteurs locaux qui se regroupent pour ouvrir une boutique… autant d’actions (parmi d’autres) mises à l’honneur en juin dernier par la municipalité de La Tour-du- Pin, organisatrice des premiers « Mirons d’or ».
“Ici comme ailleurs, l’objectif est d’encourager toutes ces associations, vecteurs d’action et de lien social, qui permettent à nos petites villes et à nos villages de rester vivants”, explique le premier adjoint à la vie associative, Yoann Platel-Liandrat.
En Isère, pas moins de 28 000 associations regroupent 260 000 habitants mobilisés pour le bien commun. Une force vive à entretenir.
©La Tour du Pin
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Labellisée France Services, la Maison du Département à Mens accompagne les habitants dans de nombreux domaines.
Des guichets uniques pour aider les usagers
C’est un territoire situé dans le sud du Département, à plus d’une heure en voiture de Grenoble. Nous sommes dans le Trièves, 27 communes où il fait bon vivre, mais que les services publics ont désertées au fil du temps. Pour les 10 000 habitants, il devenait difficile d’effectuer des démarches administratives en raison de problèmes de mobilité ou d’accès à Internet.
En 2020, un partenariat du Département avec l’État a permis de labelliser « France Services » la Maison du Département à Mens. Ces guichets uniques de proximité – il en existe une vingtaine en Isère – implantés dans des bureaux de poste, des collectivités ou des associations regroupent en un lieu l’accès aux services de la Direction générale des finances publiques, La Poste, Pôle emploi, le Ministère de la Justice, la Caisse nationale des allocations familiales, l’Assurance maladie, l’Assurance retraite, la Mutualité sociale agricole et l’Agence nationale des titres sécurisés.
“Nous essayons d’accompagner toutes les demandes. À Mens, notre force est de pouvoir articuler l’assistance de France Services avec l’ensemble des aides du Département : l’autonomie, l’aide sociale à l’enfance, l’insertion, la protection maternelle et infantile. Ce qui nous permet d’offrir un accueil inconditionnel et de répondre à un grand nombre de situations. Notre rôle est de faire de la médiation numérique et administrative. Notre taux de satisfaction est de 100 %”, expliquent Magalie Ailloud-Perraud, chef de service, et Nathalie Lacroix, animatrice de France Services.
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Avec l’aide du Département, l’association La Dynamo, à Saint-Antoine-l’Abbaye, propose un espace de coworking.
Tiers lieux : une nouvelle dynamique
Saint-Antoine-l’Abbaye, Montagne et Saint-Bonnet-de-Chavagne : dans ces trois charmants villages du Sud-Grésivaudan situés en pleine campagne, à 4 kilomètres les uns des autres, vivent 2 200 habitants et une cinquantaine d’associations.
Fort de ce dynamisme local, un groupe d’habitants, une association et les trois communes se sont regroupés pour créer La Dynamo, un espace de vie sociale qui a ouvert en décembre 2019.
Pour Michel Ferot, le président, “l’idée est de favoriser les échanges et le partage pour que tout le monde, quels que soient son âge, ses passions et ses idées, puisse prendre sa place et bien vivre au pays. Nous voulons inciter les habitants des trois villages à animer eux-mêmes leur territoire plutôt qu’à consommer des activités.”
En 2021, pour favoriser les initiatives, un local a été mis à disposition par la mairie de Saint-Antoine et des espaces ponctuels ont été fournis par les deux autres communes. De l’écrivain public au yoga sur chaise, en passant par le soutien au numérique, l’astronomie, une quarantaine d’activités ont vu le jour et 17 % de la population a adhéré à l’association.
Dans la foulée, et avec le soutien du Département, un espace de coworking a été mis en place pour favoriser le télétravail et répondre aux besoins des actifs. Il fait partie des 40 tiers lieux prévus sur le territoire isérois à l’horizon 2024.
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Sur l’application mobile Isère Outdoor (rubrique « Partageons la nature »), les randonneurs peuvent trouver les zones d’alpages, les chasses en cours et les espaces naturels sensibles ou protégés qui sont sur leur parcours.
La campagne, un espace de partage
En ville, les frontières entre domaines publics et privés sont généralement bien délimitées. À la campagne et à la montagne, s’il n’y a pas de clôtures partout, les prairies, alpages, étangs ou forêts ne sont pas pour autant ces zones de totale liberté que certains voudraient y voir : les deux tiers appartiennent à des propriétaires privés qui les entretiennent et y travaillent.
Ces espaces naturels que l’on dit sauvages abritent aussi une faune et une flore très précieuses pour la biodiversité et qui nécessitent une attention particulière.
Face à l’afflux de visiteurs en quête de fraîcheur et d’air pur et à la multiplication des conflits d’usage, le respect des lieux devient un enjeu de premier plan pour les acteurs ruraux, qui sont attachés à leur cadre de vie et à leurs traditions. Et souhaitent préserver ce qui fait leur attractivité, tout en restant accueillants.
©Bruno Lavit